Outils cliniques

Facteurs de risque de suicide et de protection (à venir)
Guide d’évaluation du risque suicidaire 
Cadre de référence du Guide d’évaluation de la personne à risque suicidaire
Cadre de référence du Guide d’évaluation de la personne à risque suicidaire – Abrégé

ÉVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE

Selon le guide explicatif du PL 21, l’évaluation implique;

De porter un jugement clinique sur la situation d’une personne à partir des informations dont le professionnel dispose et de communiquer les conclusions de ce jugement. Les professionnels procèdent à des évaluations dans le cadre de leur champ d’exercice respectif (2013, p. 89).

L’évaluation de la condition physique et mentale (CAMH, 2010; OIIQ, 2007, RNAO, 2009) est une étape indissociable de l’évaluation du risque suicidaire, qui est un processus complexe qui permet de connaître la personne soignée, ses besoins et ses stresseurs, et de travailler avec elle pour mobiliser ses forces et ses ressources de soutien (Perlman et al.  2011).

Lors de cette évaluation, l’infirmière recueille des données sur le problème de santé actuel, les antécédents, l’histoire psychosociale, etc. Elle recherche la présence de signes et de symptômes d’un trouble mental. Elle tient compte des symptômes dépressifs, anxieux ou psychotiques et leurs liens possibles avec un passage à l’acte. Lors de l’entrevue, l’infirmière effectue son examen mental (CAMH, 2010; Fortinash & Worret, 2013, RNAO, 2009).

Un outil peut être utilisé afin de guider infirmière dans son évaluation, tel que le Guide d’évaluation du risque suicidaire. Cependant, l’évaluation du risque suicidaire ne devrait pas reposer uniquement sur un outil d’évaluation et les résultats de ces outils ne peuvent pas remplacer le jugement clinique (CAHM, 2010 ; UETMIS-IUSMQ, 2015 ; OIIQ, 2007, RNAO, 2009).

Lorsqu’un risque suicidaire est dépisté, l’infirmière procède à une évaluation complète. Elle doit l’évaluer minimalement à l’admission, au changement de milieu (y compris lors d’un transfert inter-établissement), lors de l’apparition d’idées ou de comportements suicidaires, lors d’un changement significatif de comportements et avant un congé. Enfin, pour le niveau de risque suicidaire modéré et élevé, une évaluation complète doit être effectuée minimalement à chaque jour.  En tout temps, les professionnels doivent poursuivre la surveillance clinique, et si requis, réévaluer le risque suicidaire et les interventions associées.

Pour procéder à l’évaluation du risque suicidaire, l’infirmière :

  • Évalue l’urgence suicidaire en vérifiant :
    • Les idées suicidaires : Avez-vous des idées suicidaires ?
    • La durée/fréquence des idées suicidaires : Est-ce que vous y pensez souvent ?
    • L’intention : Avez-vous l’intention de passer à l’acte ?
    • La planification suicidaire : Avez-vous pensé à un plan ? Si oui, comment, où, quand ?
    • Le contrôle des idées : Vous sentez-vous capable de maîtriser vos actions ?
    • La tension émotive et l’anxiété : Vous sentez-vous tendu, énervé, anxieux ?
    • La capacité à accepter de l’aide : Comment peut-on vous aider ?
  • Vérifie les éléments de dangerosité :
    • La létalité du moyen : Jusqu’à quel point croyez-vous que votre plan est efficace ?
    • L’accès au moyen : Avez-vous facilement accès au moyen envisagé?
  • Considère les tentatives et les idées suicidaires antérieures de même que les gestes autodestructeurs.
  • Considère les facteurs de risques et de protection – à venir.(Perlman et al. 2011RNAO, 2009)
  • Porte attention :
    • Aux signes d’alarme d’un risque suicidaire élevé (APNA, 2015) :
      • Augmentation significative de l’abus de substance ;
      • Être sans raison de vivre ;
      • Ne pas voir d’issue ;
      • Être sans espoir ;
      • Anxiété élevée et agitation ;
      • Difficultés de sommeil ;
      • Colère incontrôlable ;
      • Isolement social ;
      • Avoir des comportements à risque ;
      • Changement dramatique d’humeur (AAS, 2017; RUDD, 2006).
    • Aux comportements d’automutilation ;
    • Aux signes d’une intoxication (RNAO, 2009) ;
    • Aux moyens que la personne a utilisés pour limiter ou éviter le passage à l’acte ;
  • Considère son évaluation de la condition physique et mentale (APNA, 2015; RNAO, 2009) ;
  • Porte un jugement clinique à partir de l’ensemble des informations recueillies et communique les conclusions de ce jugement en déterminant le niveau de risque global qui peut être absent, faible, modéré ou élevé.


Selon la situation clinique, l’infirmière vérifiera certaines informations complémentaires, qui bonifieront son évaluation, soit

  • L’ambivalence de l’usager entre son désir de vivre et de mourir pour arrêter de souffrir ;
  • La présence de la honte ;
  • Sa motivation à résoudre ses difficultés ;
  • Ses croyances culturelles (APNA, 2015).
  • La sécurité des autres : Avez-vous pensé à amener un proche avec vous ?
  • L’histoire de gestes de violence.

Lorsque possible, l’implication des proches aidants doit être favorisée dès l’évaluation. À ce moment, l’infirmière questionne les proches :

  • Leurs inquiétudes quant à la sécurité de la personne ;
  • Les propos de la personne ;
  • Les changements de comportements.
  • Le réseau de soutien social actuel,
  • Sa capacité à soutenir la personne (APA, 2003 ; CAMH, 2015, OIIQ, 2016, Perlman et al. 2011, RNAO, 2009).

Il est toutefois essentiel d’insister sur le fait que l’écoute du proche aidant ne brime en rien les droits de la personne et que les membres de l’entourage de la personne doivent être soutenus dans leur implication et leur participation aux soins (MSSS, 2015).

Enfin, il est important de noter que certaines cultures ou religions empêchent ou interdisent toute discussion sur le suicide, ce qui complique la participation avec la personne soignée et ses proches aidants (Perlman et al.  2011).

Reproduction autorisée avec mention de la source : Association québécoise des infirmières et infirmiers en santé mentale.